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THT : la Vendée va enfouir - Article La Manche Libre du 25 septembre 2010

samedi 25 septembre 2010

La Manche va subir la ligne THT aérienne. Les élus vendéens, eux, ont su se mobiliser pour enfouir.


Les travaux de construction de la future ligne THT Cotentin-Maine sont prévus, selon RTE, pour commencer en février prochain. Mais élus et riverains ne l’entendent pas de cette oreille.

Le 25 juin 2010, Jean-Louis Borloo, le ministre de l’écologie, a signé la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet de ligne THT de 400 000 volts Cotentin-Maine liée à l’EPR de Flamanville. Est alors franchie la seule étape véritablement importante aux yeux de RTE, maître d’ouvrage, et du préfet de la Manche, coordonnateur du projet. Mais, ne nous leurrons pas, ils ne nourrissaient pas d’inquiétudes excessives à ce propos, d’autant que la ligne sera construite en aérien, comme cela a toujours été prévu... Mais les futurs riverains de la ligne et les élus opposés à sa construction refusent de rendre les armes.

Os à ronger

La raison ? Ils n’acceptent pas que soit balayée d’un revers de la main l’étude épidémiologique concernant les effets de la THT sur la santé, au mépris du principe de précaution, pourtant inscrit dans la constitution. Ce qui permettrait pourtant de répondre à leurs interrogations.

Et la perspective d’un massacre des paysages par une ligne aérienne n’est pas faite pour les apaiser. Membre de l’association des riverains de la ligne, Géraldine Tallec résume leur sentiment : « L’État oblige les riverains potentiels à vivre en acceptant de subir les risques sanitaires ou bien à fuir. Et ce ne sont pas les promesses financières de RTE (achat des maisons dans une bande de 100 mètres de part et d’autre de la ligne, indemnisation des agriculteurs) qui les soulageront ! »

En revanche, les habitants dont les maisons se trouvent à proximité de l’actuelle ligne THT et ceux qui sont à plus de 100 mètres de la future ligne n’auront même pas, eux, la possibilité de les vendre à RTE. En guise d’os à ronger, l’État leur promet quelques compensations : mesures de champs magnétiques et de bruit dans les habitations, suivi sanitaire sous forme de visite médicale annuelle. Ce qui, on s’en doute, ne leur convient pas dut tout, car « mesurer ce n’est pas protéger ».

Elus frileux ?

Yannick Favennec, député (UMP) de la Mayenne, met en avant les deux ans de retard de la mise en service de l’EPR pour demander à nouveau l’étude épidémiologique. « Jean-Louis Borloo avait indiqué que, faute de temps, le calendrier initial de cette mise en service ne permettait pas la réalisation de cette étude. Avec ce délai de deux années supplémentaires, le calendrier n’est donc plus un obstacle », estime-t-il. Toutefois, tout comme Philippe Gosselin, député (UMP) de la Manche, il n’entend pas attaquer la DUP. Leur opposition reste ainsi de principe... et un peu tiède. Au passage, ils devraient méditer l’exemple de la Vendée. Ce département, dirigé par Philippe de Villiers, a obtenu de RTE, au nom du respect des paysages, l’enfouissement complet d’une ligne THT de 225 000 volts sur une distance de 38 kilomètres afin de disposer d’une puissance électrique supplémentaire. Une opération de 38 millions d’euros qui fera à la fin 2012 de cette ligne enfouie la plus longue de France. Un résultat à comparer au refus catégorique de RTE de procéder à un enfouissement même partiel de la ligne THT Cotentin-Maine. Un enfouissement vendéen qui prouve bien que, lorsque les élus se mobilisent, y compris au plus haut niveau d’un département, des solutions sont possibles.

De son côté, Jean-Claude Bossard, maire du Chefresne, commune du centre Manche, et président du collectif des maires "anti-THT", poursuit la bataille judiciaire et a déposé un recours devant le conseil d’État visant la déclaration d’utilité publique. Même démarche de la part du Crilan (comité régional d’information et de lutte antinucléaire) pour qui une étude d’impact et une enquête publique auraient dû être entreprises sur le tronçon, où existent déjà deux lignes THT, allant de Flamanville jusqu’à Saint Sébastien de Raids, dans le centre Manche. La Manche vante son paysage pour le tourisme. La prochaine campagne pourrait s’intituler : « Venez camper sous les lignes » ?

Fabrice Constensoux pour la Manche Libre le 25 septembre 2010

REPERES

« Profiter du délai supplémentaire » Yannick Favennec,
député (UMP) de la Mayenne.

Calendrier

Les permis de construire nécessaires à la réalisation de la ligne Cotentin-Maine pourraient être obtenus d’ici à fin novembre 2010. Le lancement du chantier interviendrait dès février 2011. Le comité de pilotage du plan d’accompagnement du projet se réunira le 1er octobre.

Élus

Pour la Confédération paysanne, les élus « ont le devoir de contester la déclaration d’utilité publique de la ligne THT Cotentin-Maine car la crise de confiance des Français à l’égard des hommes politiques est énorme ».

Boulons

Un groupe d’opposants à la ligne THT aérienne Cotentin-Maine va entreprendre une action dite de « désobéissance civile » samedi 25 septembre à Isigny le Buat, là où un rond-point est surplombé par l’actuelle ligne THT. Il s’agira de déboulonner en partie quelques-uns des pylônes. La confrontation avec la police semble inévitable.