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Une réunion sur l’EPR de Penly annulée à Caen en raison d’une manifestation - Dépèche AFP
mardi 18 mai 2010
CAEN - Une réunion prévue à Caen dans le cadre du débat public sur le projet de construction du deuxième EPR français à Penly (Seine-Maritime) a été annulée en raison d’une manifestation, a annoncé mardi soir la Commission particulière du débat public.
"Avant même toute intervention un groupe d’une trentaine de personnes a manifesté bruyamment pour empêcher toute prise de parole", a affirmé la commission dans un communiqué.
Le président de la commission, Didier Houi, a invité à plusieurs reprises ces manifestants "à venir faire part de leur point de vue publiquement et de manière intelligible", indique-t-elle ajoutant que "ces invitations répétées" et "relayées par certains participations, y compris des opposants au projet" sont restées "vaines".
Le collectif "Stop à l’EPR ni à Penly ni ailleurs" qui rayonne sur la Haute-Normandie avait ainsi appelé à participer au débat tandis que son homologue bas-normand avait appelé à manifester, mais en dehors de la salle. "Ce n’est pas étonnant que des gens aient pensé que cela suffisait comme ça car on a déjà beaucoup donné dans des débats publics qui n’ont servi à rien", a affirmé Paulette Angers, animatrice du collectif bas-normand.
Cette réunion devait être consacrée à la "gouvernance" de ce réacteur qui pour la première fois en France ne sera pas détenu à 100% par EDF qui possédera 50% des parts plus une action, les français GDF Suez et Total, l’Italien Enel et l’Allemand Eon se partageant le reste.
Cependant, le président d’EDF, Henri Proglio, a assuré mardi que le gouvernement avait décidé de confier à son entreprise seule l’exploitation de l’installation. Il répondait ainsi à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui avait souhaité en février qu’un seul exploitant "clairement identifié" soit responsable de ce réacteur de la troisième génération.
Si EDF confirme son projet, la construction de ce réacteur d’une puissance unitaire de 1.650 MW et d’un coût estimé à quatre milliards d’euros pourrait commencer en 2012 pour un couplage au réseau en 2017. La construction du premier EPR français a commencé en 2007 à Flamanville (Manche) sur un site qui compte déjà, comme celui de Penly, deux réacteurs de 1.300 MW.
(©AFP / 18 mai 2010 23h28)
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Un communiqué des manifestants :
Ce soir était organisé sur Caen une commission nationale du débat public
sur le nouveau réacteur EPR de Penly. Cette commission publique a été
interrompue et ce tract distribué sur place.
LA DICTATURE
C’ EST FERME TA GUEULE,
LEUR DEMOCRATIE
C’ EST CAUSE TOUJOURS !
Ce 18 mai à Caen a lieu un débat public sur l’EPR organisé par la CNDP
(commission nationale pour le débat public). Dernier avatar en date en
matière de technologie nucléaire, ce réacteur de 3ème génération en cours
de construction en France (Flamanville dans le Contentin) et Olkiluoto (en
Finlande) fera l’objet d’un débat sur sa nouvelle implantation à Penly
(Haute-Normandie). Il convient de dénoncer l’imposture démocratique qui
caractérise un tel débat.
Est-il concevable en effet de discuter d’une technologie dont l’Etat a
déjà planifié la construction ? Le débat public intervient en fait après
des prises de décision officielles. Les contradictions qui pourraient
alors émerger dans cet espace auront alors à faire face à un jargon
scientifique, expert et bien rodé, incompréhensible pour le quidam. A
l’occasion, ce dernier s’il émettait des doutes serait qualifié
d’obscurantiste. Cet espace de débat, dont l’organisation est par ailleurs
gérée par des boites de communication, vise donc à structurer l’opinion,
obtenir l’assentiment des populations, prévenir et ou assécher toute
tentative d’opposition aussi radicale soit-elle ; mais c’est également un
espace publicitaire, une variable d’ajustement pour des projets lucratifs
rassemblant experts, chercheurs, industriels et l’état.
En outre l’EPR est une technologie extrêmement dangereuse. Centrales et
lignes à haute tension comportent des défauts connus de longue date. Nous
savons, en effet, que la société nucléaire est par définition une société
dangereuse : accidents majeurs (Tchernobyl, Three Mile Island...), rejets
radioactifs (excès de leucémie autour de la Hague), ondes électro
magnétiques (lignes à haute tension). Seulement, au-delà des problèmes que
l’EPR et plus globalement le nucléaire posent, c’est bien d’un monde
social dont il s’agit. Le nucléaire est en effet au coeur de nos sociétés
capitalistes et répond à la boulimie énergétique qui caractérise les pays
industrialisés et l’élan qu’ils prirent au lendemain de la seconde guerre
mondiale. L’ère atomique révèle ainsi son caractère catastrophique par
nature. Avec ses mines d’Uranium où les mineurs sont exploités et livrés
aux radiations, ses intérimaires transformés en viande à rem, ses bombes
atomiques et ses missiles stratégiques, ses populations exposées aux
retombées d’accidents ou plus quotidiennes, ses dictatures maintenues pour
mieux piller des pays oubliés...
Parallèlement c’est au cours de ces derniers mois que le gouvernement
français a décidé de relancer son programme nucléaire et de prolonger un
monde catastrophile. Il tente pour cela de se doter d’un vernis
démocratique : la tenue de débats en est alors l’illustration. Mais l’état
n’a que faire des mécontents et fait fi, comme il l’a souvent démontré, en
réalité des règles "démocratiques" qu’il s’est parfois lui même fixé : non
respect des arrêtés anti THT, contre enquêtes publiques, débats anciens
autour de l’EPR. Gestion du nucléaire et autoritarisme vont donc de pair.
Faut-il rappeler, en effet, qu’à Caen lors du débat public sur les nano
technologies (technologies intimement liées à celle du nucléaire), un
impressionnant dispositif policier s’est employé avec réussite à refouler
de nombreuses personnes à l’entrée. Sanction également à ceux qui mènent
l’action directe sur le terrain : procès pour les militants non violents du
GANVA qui ont défié la nucléocratie en escaladant et en occupant deux
pylônes de la ligne à très haute tension de Flamanville/Domloup.
Nous rejetons donc cette mascarade de débat. Nous n’aurons que faire non
plus de l’emphase et des mots d’ordre des tenants d’une écologie
co-gestionnaire. Leur opposition partielle et parfois factice tente de
donner à la démesure capitaliste un visage plus humain ; oxymore grossier
quand l’essence même du capitalisme est de tout "avaler" et détruire :
vie, nature, culture et planète. Contre la société nucléaire et son monde
organisons une riposte autonome, directe et déterminée.
Des électrons libres
Ayant des atomes crochus.
Un communiqué plus complet pourrait suivre.