Accueil > Revue de presse > Article La Manche Libre - THT : les riverains en ordre de bataille
Article La Manche Libre - THT : les riverains en ordre de bataille
mardi 30 mars 2010
Organisés en association, les riverains et futurs riverains des lignes THT sont décidés à ne pas laisser sacrifier leur santé.
" La future ligne très haute tension Cotentin-Maine ? Elle doit passer juste là, derrière, à une centaine de mètres de la maison." D’un geste vif, lourd de colère contenue, Stéphane Godreuil désigne la zone censée accueillir la ligne de 400 000 volts. Dès l’origine du projet, cet habitant de la petite commune rurale de Montabot, dans le centre Manche près de Percy, a rejoint les rangs des opposants au projet, regroupés dans l’association locale Percy sous tension.
La perspective d’une ligne très haute tension défigurant le paysage à proximité immédiate de son domicile l’avait incité à réagir. “Nous n’avons jamais pu obtenir de réponse à nos préoccupations de la part de RTE, la filiale d’EDF en charge du transport de l’électricité, maître d’ouvrage du projet de la ligne THT Cotentin-Maine. C’est pourquoi l’association s’est créée”.
Cependant, Stéphane Godreuil allait avoir bientôt une raison supplémentaire de combattre le projet tel que le conçoit RTE.
Porte à porte
“De nombreuses personnes dans mon cas ont décidé de se défendre elles-mêmes après les conclusions de l’enquête de terrain “Vivre avec une ligne THT ?” menée de janvier à mars 2008 auprès des riverains de l’actuelle ligne très haute tension par le Criirem” (Centre de recherche et d’informations indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques). Cette enquête fait état “d’une dégradation significative des conditions de vie et de travail chez les riverains et dans les exploitations exposées aux lignes THT.”
D’où la création, en octobre 2009, de “l’association de défense des riverains des lignes THT”, dont Stéphane Godreuil a pris la présidence. “Auiourd’hui nous totalisons 150 adhérents dont 75 % de futurs riverains. Et des comités locaux commencent à se constituer dans plusieurs autres régions.”
Depuis, le Montabolais prend son bâton de pèlerin et fait du porte à porte pour informer sur la THT.
Effets néfastes
Il se fait l’écho des craintes des agriculteurs pour leurs animaux. Certains d’entre eux, riverains de l’actuelle ligne 400 000 volts, évoquent des problèmes de croissance affectant leurs veaux. “RTE passe chez ces agriculteurs avec des représentants du GPSE (groupement pour la sécurité électrique dans les élevages). Ils leur font signer une convention assortie d’une clause de confidentialité : s’il n’y avait rien à cacher, le feraient-ils ? Mais qu’on ne se méprenne pas : nous ne sommes pas des “anti-tout”. Nous voulons avant tout savoir à quoi nous en tenir quant aux effets de la THT sur la santé.”
La récente étude de l’Inserm (institut national de la santé et de la recherche médicale) sur les cancers de l’enfant, intitulée Geocap, n’est pas de nature à les rassurer : les effets de la THT ne constituent qu’une très petite part de ce qui est pris en compte. Stéphane Godreuil et son association demandent, eux aussi, tout comme le conseil général de la Manche, la réalisation d’une étude épidémiologique indépendante. “Tant que cela ne sera pas fait, nous nous opposerons au projet Cotentin-Maine.” Quant à la proposition de loi des députés Guénhaël Huet et Yannick Favennec visant à rendre obligatoire l’enfouissement de 30 % des lignes à haute et très haute tension d’ici fin 2012, l’association s’interroge : “comment déterminer où se trouveront ces 30 % et comment réagiront les riverains des 70 % restants ?” Dans l’immédiat, Stéphane Godreuil espère que Jean-Louis Borloo, le ministre de l’écologie, ne signera pas trop vite la déclaration d’utilité publique du projet, à la lumière des fortes réserves émises par la commission d’enquête publique.
Fabrice Constensoux