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Retour sur le camp des 22, 23 et 24 juin 2012
mardi 3 juillet 2012, par
Voici quelques retours.
En image d’abord (merci Skippy) :
Ensuite, un texte anonyme, forcément subjectif, mais intéressant :
Retour sur le week-end de résistance au Chefresne 22-24 juin 2012
Le 24 juin 2012 sur la commune de Montabot, Manche, nous avions donné rendez-vous aux forces de l’Ordre et notre invitation a bien fonctionné : elles étaient là. L’assemblée du Chefresne avait décidé en mars d’organiser un week-end de résistance au projet de ligne THT « Cotentin-Maine » actuellement en construction, avec pour ambition de créer des « interférences sur la ligne ». La commune du Chefresne résiste depuis le début, depuis 2006 : elle ne veut pas de THT sur son territoire. Il y a parallèlement, à cette opposition officielle, une ribambelle d’actions qui ont été menées contre des pylônes, du matériel de RTE. Nous sommes venus soutenir ces « rebelles » car le problème est mondial. Oui mondial.
Les massmedias oubliant systématiquement le fond du problème, nous sommes obligés de rappeler systématiquement qu’ils font partie intégrante du régime totalitaire dans lequel nous vivons. La société du spectacle et la manipulation de masse des opinions a succédé aux dictatures directes et brutales du Xxè siècle. Il n’y a plus besoin de tuer des opposants politiques qui pensent autrement que le pouvoir central, il suffit de mentir partiellement sur eux dans les massmédias, de détourner le sens de leurs actions et de leur paroles. Mentir partiellement est nettement plus efficace que mentir de manière éhontée. C’est encore ce qui s’est passé avec les articles de « Ouest-France » par exemple. Bien mal avisé celui qui ne lit que cette presse de propagande du Préfet.
Après tant d’années de résistance, le Maire du Chefresne a fini par démissionner de son mandat, et ses conseillers aussi. La pression venant du Préfet s’est accentuée au fur et à mesure que la ligne se construisait. L’histoire du camp Gaulois qui résiste avec une potion magique, c’est de la bande-dessinée. Et là, on en est loin : l’avant-veille du camp, le 20 juin à six heures du matin, des gendarmes mobiles ont défoncé la porte d’entrée du château d’eau communal, ont violemment expulsé les gens qui y dormaient puis ont confisqué le matériel qui y était entreposé : banderoles, affiches, tracts, ficelles, scotch. Un camion bâché est arrivé, des militaires en sont descendus et ont investi le château d’eau. Le Maire s’est alors rendu sur place avec son écharpe tricolore, a expliqué que le bâtiment communal avait été légalement prêté à une association « loi 1901 », mais les nouveaux squatters sont restés sur place. Il faut dire que d’en haut du château d’eau, les forces de l’Ordre avaient une excellente vue sur le camp de resistantes, mais aussi sur les pylônes 221, 222, et 223, situés sur la colline en face, à Montabot.
Au camp le samedi 23 juin après-midi, un adjoint du Maire du Chefresne est venu et s’est lancé dans un témoignage de leur combat pendant toutes ces années. Au bout de dix minutes à revivre les épisodes de leur lutte, sa voix s’est étranglée lorsqu’il a voulu remercier les trois cents jeunes qu’il avait devant lui, d’être venus les supporter. L’émotion l’a empêché d’en dire plus. Un éleveur victime en 1981 de la construction de la première ligne THT en Cotentin a parlé du combat qu’il mène depuis, puisqu’il a toujours refusé les sommes d’argent proposées par EDF et les cabinets ministériels en échange de son silence. De la nature des sols dépend des phénomènes d’induction qui perturbent les animaux. Dès qu’une ligne THT apparaît, les bêtes souffrent. Mais sur 6000 éleveurs en France, si 60 d’entre eux vendent leur exploitations pour la transformer en parcelle de céréales à cause de la ligne, l’Etat s’en contrefiche. La « Justice » a suivi, comme Himmler a suivi Hitler. Jamais un éleveur n’a obtenu gain de cause face à RTE, EDF et l’Etat : le juge oublie son devoir comme on efface la craie sur un tableau noir. Et l’on est censé oublier ce qui est présenté comme des cas isolés.
La ligne THT Cotentin-Maine est le pur produit de la mafia des cupides-autoritaires qui organise le régime totalitaire en France et ailleurs : cette ligne participe à la création d’un gigantesque réseau de circulation d’information mondial, avec non seulement vente d’électricité mais aussi contrôle des populations et automatisation de leurs échanges avec l’administration centrale. Le courant électrique sera produit par des éoliennes en mer du Nord, par des centrales nucléaires comme l’EPR de Flamanville, mais aussi mécaniquement par les trois réacteurs de Tricastin qui sont maintenant libérés de l’alimentation électrique de l’usine Eurodif qui a fermée. On vient d’apprendre qu’il y a une ligne THT en prévision dans le Pas de Calais, à Arras. En Allemagne, pas moins de cinq lignes THT sont programmées pour évacuer l’électricité des parcs éoliens offshore de la mer du Nord vers toute l’Europe. La THT de Perpignan -enfouie- servira pour l’électricité solaire venant du Sahara. Bref, les lignes THT sont des infrastructures juteuses qui font faire des sacrées affaires aux producteurs d’électricité et de services d’acheminement d’information. La France, comme disait Talleyrand sous l’Empire, « c’est une bonne affaire ».
Concernant notre action, il n’était bien sûr pas question pour les forces de l’Ordre de nous laisser accèder aux pylônes le jour prévu. Ils ont donc encerclé le camp dès le soir du 23 et il n’y avait aucune autre possibilité qu’une rencontre frontale. A Valognes, le 23 novembre 2011, quelques enfants de la liberté avaient pu accéder aux voies de chemin de fer pour saboter la ligne SNCF et rabattre le caquet à Areva et son papa l’Etat en retardant le départ du train de nuclear marchandizing vers l’Allemagne. A Montabot le 24 juin 2012, il n’y avait qu’une seule issue dans le bocage normand : les pierres contre les grenades, une marche pour l’honneur. Avec deux blessés à l’oeil et deux à la jambe, plus un jeune arrêté après avoir été tabassé, le bilan est honnête car il faut bien reconnaître que s’ils avaient voulu l’alourdir, ils auraient pu : une vingtaine de gendarmes mobiles ont repoussé deux cent cinquante manifestants jusque dans leur camp, les bronches pleines de gaz « CS », à la limite de l’asphyxie. Ils avaient de quoi les exterminer.
Beaucoup de lecteurs se poseront la question de l’inconscience : à quoi cela sert-il de caillasser pour caillasser ? Il nous apparaît que parmi les différentes mouvances qui refusent le régime totalitaire, celles qui prônent l’action directe, la violence, la clandestinité, ont pu avoir du crédit dans ce qui s’est passé à Montabot. Le dilemme se posait en 1941-1943 en France occupée : les actions violentes des FTPF semblaient démesurément faibles vu l’effet produit sur l’adversaire. Si la violence est en soi condamnable, il faut comparer celle produite par les enfants de la liberté à Montabot en 2012, à celle perpétrée en permanence par l’Etat et ses myriades d’entreprises cupides-autoritaires : la fabrique de l’exclusion sociale et de la précarité au service de la baisse du coût du « travail », le chômeur ou le fainéant comme nouveau « juif » à culpabiliser, dénoncer et discriminer. Une fois qu’on a vu mais surtout vécu la violence institutionnelle, on trouve que lancer une pierre sur une cohorte de professionnels de la guerre, c’est peu de choses, même si cela n’a rien de glorieux car nous sommes tous fait pareils.
Nous savons que les forces de l’Ordre nous fichent et qu’elles n’hésiteront pas à nous arracher à nos vies sur terre si nous venions à obtenir un crédit auprès des gens. Notre seul espoir à tous, par-delà les frontières, c’est qu’une grande masse parvienne à réaliser dans quel monde elle vit, prenne conscience de sa vie. Ceci afin de faire tomber la main-mise des massmédias sur le cerveau qui annule les informations des organes sensitifs comme l’éblouissement de la pleine lune, la fraîcheur de la mare, le claquement d’un bec sur l’écorce, les paroles des vieux, la courbe d’un nu.
A la lecture de ce compte-rendu, nous pensons avoir fait passer l’essentiel : notre détermination n’a fait que grandir, s’affermir sur le camp de résistance du Chefresne. Nous appelons à l’utilisation de la diversité pour construire un mouvement d’une ampleur considérable dont la base ne devra jamais céder un pouce de terrain ni à la société nucléaire et son monde, ni au gouvernement représentatif, dont les deux organes – la pyramide des élus et la pyramide des fonctionnaire- organisent l’impuissance politique du peuple avec l’instrument des massmédias.
Enfin, 2 articles :
La Manche Libre (en ligne) le 24 juin 2012 au soir :
THT : heurts violents avec les forces de l’ordre à Montabot
Le "week-end de résistance" à la ligne THT Cotentin-Maine a été marqué, dimanche 24 juin par des heurts violents avec les forces de l’ordre, à Montabot dans le centre Manche.
Le ’’week-end de résistance’’ à la ligne THT Cotentin-Maine et au nucléaire en général a rassemblé environ 450 personnes les samedi 23 et dimanche 24 juin à Montabot, petite commune rurale du centre Manche proche de Percy... et de la commune du Chefresne, qui fait figure maintenant de haut lieu de l’opposition à la THT.
Dimanche en début de matinée, les militants anti-THT, qui avaient protégé les accès à leur camp, aménagé dans une vaste prairie, avec de très gros rondins de bois, se sont dirigés vers un pylône de cette future ligne avec l’intention de procéder à son déboulonnage symbolique. Alors qu’ils étaient en vue de ce pylône, les militants expliquent qu’ils ont été chargés très violemment par les gendarmes mobiles, présents massivement près du camp et sur la plupart des routes menant à Montabot ainsi qu’au château d’eau du Chefresne, dorénavant sous haute surveillance.
Selon les forces de l’ordre, elles ont été la cible de jets de projectiles, d’où la charge et l’utilisation de gaz lacrymogènes et de grenades. Toujours est-il qu’à l’issue de ces heurts violents deux manifestants ont été sérieusement touchés, dont l’un à l’oeil, ce qui lui a valu d’être transporté au CHU de Caen. Le second, moins sérieusement blessé, a été dirigé vers l’hôpital Mémorial de Saint-Lô. De son côté, un gendarme mobile a été touché à la main.
Contrôles d’identité
Au passage, les pompiers appelés auprès des militants blessés auraient eu du mal à se rendre auprès d’eux. Sur place, les manifestants allant et venant aux alentours du camp ont fait systématiquement l’objet de contrôles d’identité. Venue au Chefresne en début d’après-midi, Isabelle Attard, nouvelle députée (Europe Ecologie Les Verts) de Bayeux, s’est déclarée ’’choquée par ce déferlement de violence policière’’, dont elle a informé le cabinet de Manuel Valls, le ministre de l’intérieur.
En compagnie de Jean-Claude Bossard, maire du Chefresne, de François Dufour, vice-président (EELV) du conseil régional et de deux conseillères régionales (EELV) Bérengère Dauvin et Clara Osadtchy, Isabelle Attard s’est rendue dans le bois du Chefresne où des militants anti-THT occupent la cime de plusieurs arbres avant de se diriger, ceinte de son écharpe, vers le château d’eau d’où elle est repartie à l’issue d’un face à face avec les forces de l’ordre. La députée de Bayeux a terminé son déplacement par le camp de Montabot, que les militants anti nucléaire étaient en train de quitter.
France-Soir (ave AFP), le 25 juin 2012
Normandie : Une manifestation contre une ligne à haute tension dérape
La députée EELV du Calvados Isabelle Attard demande la mise en place d’une "médiation" après une manifestation qui a mal tourné dimanche contre une ligne à très haute tension.
Dimanche, de vives échauffourées ont éclaté lors d’une manifestation contre la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine en Basse-Normandie, conduisant à des affrontements entre la police et les manifestants.
La députée EELV du Calvados Isabelle Attard a demandé lundi « une médiation » après cet événement. « Il y a une véritable urgence à la mise en place d’une médiation pour apaiser la situation et retrouver les conditions d’un dialogue démocratique respectueux des citoyens », a estimé la députée dans un communiqué.
Deux blessés graves
Les heurts se sont déroulés dimanche à Montabot (Manche), dans le bocage normand, aux abords d’un camp qui a rassemblé jusqu’à 300 manifestants selon la police, 600 selon les militants. Trois manifestants, « deux grièvement blessés à la tête et un atteint par des éclats de grenades sur l’ensemble du corps », étaient toujours hospitalisés lundi après-midi, selon un porte-parole du collectif anti-THT joint par l’AFP. Au total, 25 personnes ont été blessées, selon cette source. Un militant de 24 ans, placé en garde à vue dimanche, a par ailleurs été relâché lundi et placé sous contrôle judiciaire, a-t-on appris auprès de son avocat, Me Gervais Marie-Doutressoulle.
Selon la sous-préfète de Coutances Anne Frackowiak-Jacobs, dimanche, les forces de l’ordre avaient répondu « aux agressions des manifestants par des tirs de gaz lacrymogène et de flashball ». Quatre gendarmes avaient été légèrement blessés. La préfecture de la Manche n’a pas été en mesure lundi de fournir de nouvelles précisions.
« J’ai été choquée, comme les médecins présents sur le camp de Montabot, par l’utilisation de moyens de répression disproportionnés (grenades, flashball), par le nombre de blessés (dont deux personnes gravement atteintes à la tête) », a réagi lundi Mme Attard. « On observe un décalage sidérant entre la démarche ferme mais pacifique des habitants et des élus de la région, et la quantité de gendarmes déployés sur ce secteur de la Manche, faisant passer l’ensemble des militants anti-THT pour de dangereux terroristes. »