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France 2 et article Le Parisien

mercredi 25 janvier 2012, par postmaster

A nouveau un peu de controverse dans des médias nationaux...

Journal de 13h de France 2, le 25 janvier 2012

Article Le Parisien du 23 janvier 2012

Haute tension sous les pylônes électriques

ENVIRONNEMENT. La construction d’une ligne à très haute tension suscite l’inquiétude des riverains et relance le débat sur l’impact des champs magnétiques sur la santé.

Près de163 km de lignes, 420 pylônes, 900 personnes mobilisées... la construction de la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine, qui doit acheminer l’électricité produite par le futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) vient de débuter. Mais ce chantier colossal, l’un des plus gros jamais menés par RTE (la filiale d’EDF chargée du transport d’électricité), se heurte à l’animosité de riverains, d’élus et d’associations écologistes qui craignent l’impact sanitaire des champs électromagnétiques sur leur santé (voir encadré).
Alors qu’une quarantaine de chantiers sont en cours dans trois des départements concernés (Manche, Calvados, Mayenne) et que le permis de construire est imminent en Ille-et-Vilaine, six recours ont été déposés devant le Conseil d’État contre ces lignes à THT. L’ancien garde des Sceaux et député UMP Pierre Méhaignerie, président de la communauté de communes de Vitré (Ille-et-Vilaine), a déposé l’un de ces recours.

135 habitations à racheter
Il réclame comme la plupart des associations une étude épidémiologique sur les effets sanitaires des ondes émises par les pylônes, avant la mise en service de la ligne fin 2012. « J’ai effectué une visite chez un agriculteur dont l’étable était située sous une ligne de 400 000 volts ; à chaque fois que ses animaux buvaient dans l’abreuvoir, ils recevaient une décharge électrique, témoigne Pierre Méhaignerie. Dans un rayon de 600 m de la future THT, les habitants réclament des mesures pour savoir si le niveau d’onde émis près de leur maison sera le même une fois la ligne activée. Mais EDF semble être entrée dans un rapport de force avec les habitants, ce qui est inadmissible. »
Ce rapport de force, le maire écologiste du Chefresne (Manche), coordinateur interrégional d’un collectif d’élus opposés à la THT, l’a vécu personnellement. « J’ai pris un arrêté en février 2008 interdisant que cette ligne passe à moins de 500 m des habitations du village et, à l’époque, au moins quarante-cinq communes étaient elles aussi fermement opposées à la THT, confie Jean-Claude Bossard. Mais depuis que RTE a proposé 20 M€ dans le cadre du plan d’accompagnement de son projet, nous ne sommes plus que cinq communes à résister. Ils ont acheté l’accord des élus pour avoir la paix. »
RTE, qui suit une recommandation officielle de 2010, a déjà commencé à racheter une soixantaine de maisons de riverains se trouvant dans la bande des 100 m de part et d’autre de la THT. Cent trente-cinq habitations sont concernées au total, pour des montants allant de 25 000 à 700 000 €.
D’après RTE, 85 % des propriétaires concernés auraient signé un accord à l’amiable. En cas de refus, une mise en servitude est de toute façon décidée par le préfet. Mais une retraitée de Saint-Martin-d’Aubigny (Manche) a porté plainte contre RTE pour extorsion de signature à personne vulnérable et une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d’Alençon. Contactée à de multiples reprises, la direction de RTE n’a pas souhaité répondre à nos questions.

375 000 PERSONNES EXPOSEES EN FRANCE

La France compte 100 000 km de lignes électriques,de 63 000 à 400 000 volts (haute et très haute tension). 375 000 personnes seraient du coup exposées à un champ magnétique supérieur à 0,4 microtesla, un seuil jugé potentiellement à risque. « Il est justifié, par précaution, de ne plus augmenter le nombre de personnes sensibles exposées autour des lignes à très haute tension et de limiter les expositions », indiquait en mars 2010 l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset).
L’Afsset recommandait alors la « création d’une zone d’exclusion d’au moins 100 m, de part et d’autres des lignes à THT ; de toute nouvelle construction de bâtiment recevant des femmes enceintes ou des enfants (hôpitaux, écoles...). Pourquoi cette prudence ? Parce que les champs magnétiques émis par les lignes à haute tension ont été classés en 2002 « cancérogènes possibles pour l’homme » par le centre international de recherche contre le cancer, « eu égard à l’excès de risques de leucé­mies infantiles ».
L’Afsset admet qu’« aucun lien de cause à effet n’a pu être clairement identifié » avec ces cas de cancer. « Mais l’hypothèse de l’implication de ces champs dans des pathologies neurodégénératives a été rapportée [...] et ne peut être écartée », soulignent les experts sanitaires.

Maux de tête, irritabilité, troubles du sommeil, stress...
D’après certaines associations de défense de l’environnement et de la santé, les riverains vivant à proximité des lignes à THT se plaignent plus que les autres de maux de tête, d’irritabilité, de troubles du sommeil, de stress. RTE (Réseau de transport d’électricité) martèle de son côté qu’aucun impact sur la santé n’a été clairement mis en évidence.
Le sénateur-maire PS de Clamart (Hauts-de-Seine), dont l’hôpital et le collège sont situés sous une ligne à THT, vient de déposer un amendement demandant à EDF de « recenser l’ensemble des lignes à haute tension survolant des établissements sensibles » et d’évaluer « le coût de déplacement ou d’enfouissement de ces lignes ». « On comprend clairement qu’il ne faut désormais plus bâtir d’écoles ou de maternité sous ces lignes mais on ne peut pas rester sans rien faire pour les établissements sensibles qui ont été construits sous ces pylônes il y a quarante ans », souligne Philippe Kaltenbach. Enfouir le réseau à Clamart coûterait 15 M€à la commune.

« JE NE VEUX PLUS METTRE MA FAMILLE EN DANGER »

CORINNE ET PATRICK vivent sous une ligne THT
Vingt ans que Corinne vit sous une ligne à haute tension de 400 000 volts près d’un petit village de la Manche. Pendant des années, l’enseignante se plaint de maux de tête et d’insomnies régulières, pointant d’un doigt accusateur le pylône THT situé à 60 m de sa maison. Depuis que des analyses sanguines ont révélé en septembre « des carences immunitaires » chez tous les membres de sa famille, elle qui se refusait à abandonner son bien a fini par céder.
Parents de deux enfants de 6 ans et 8 ans, Corinne et son mari agriculteur viennent d’accepter, la mort dans l’âme, que RTE rachète leur maison. « Mon père, qui a vécu pendant vingt-cinq ans sous une ligne à haute tension est mort d’une leucémie aiguë en l’espace d’un an, témoigne Patrick. Comme personne ne nous a apporté de réponse sur ce décès foudroyant et les symptômes que l’on ressent au quotidien, on a la trouille. »
Une peur alimentée par certaines études qui pointent un risque de développer une leucémie de l’enfant 1,5 à 2 fois plus élevé à proximité d’une ligne à haute tension. « RTE reconnaît que les courants parasites des lignes à haute tension ont des incidences sur les troupeaux laitiers, mais pourquoi n’y en aurait-il pas aussi sur les hommes ? » souligne Corinne.
« Si j’ai choisi de quitter ma maison, ce n’est pas pour de l’argent, mais parce que je ne veux plus mettre ma famille en danger. »

F.M.
Le Parisien, le 23/01/2012

voir le détail avec les photos :
http://percysoustension.pagesperso-orange.fr/epr_et_tht/archives/tht_19.html