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THT : il faut mesurer le danger ! - Article La Manche Libre

vendredi 16 octobre 2009, par postmaster

Pour y voir clair sur les relations entre THT et santé, il faut une étude épidémiologique. La Région est prête à la financer.

Petit coup de théâtre jeudi 1er octobre. Laurent Beauvais, le président du conseil régional de Basse-Normandie, tient une conférence de presse dans la petite commune du Chefresne, entre Percy et Villedieu-les-Poêles. Il annonce vouloir absolument que l’étude épidémiologique soit lancée le plus vite possible. Avec une participation financière de l’assemblée régionale. Et le patron de la Région appelle à une décision politique face ’à la logique froide des technocrates.

La Région finance

Par cette prise de position, il rejoint le conseil général de la Manche qui avait déjà exigé, en juin dernier, que soit menée sous l’égide du ministère de la santé “une étude épidémiologique indépendante des opérateurs” (EDF et RTE), c’est-à-dire non financée par eux.
Une revendication partagée par plusieurs communes de la Manche appelées à être traversées par la future ligne THT Cotentin-Maine. Dans ce cas, c’est le principe de précaution, inscrit dans la Charte de l’environnement adossée à la Constitution, qui est invoqué.
Cette démarche n’a pas été contestée par le tribunal de Coutances, à l’occasion du procès opposant le préfet de la Manche, Jean-Pierre Laflaquière, à ces communes. La nécessité d’y voir clair dans les effets de la THT sur la santé apparaît encore plus importante au vu des conclusions de l’enquête que la coordination interrégionale Stop-THT a fait réaliser l’an dernier auprès des riverains de l’actuelle ligne THT. Ces derniers enregistrent en effet “une dégradation significative de leurs conditions de vie et de travail”.

Un lien entre la Leucémie et la THT

Depuis l’origine du projet de ligne THT Cotentin-Maine liée à l’EPR en construction à Flamanville, son maître d’ouvrage, RTE (Réseau de transport d’électricité), balaie d’un revers de main toutes les objections qui évoquent les conséquences d’une telle ligne sur la santé des hommes et des animaux vivant à proximité.
Pour la filiale d’EDF, “30 ans de recherches ont permis de montrer qu’il n’y a aucun effet sur les dépressions, suicides, stérilités, fausses couches”. Aucun effet non plus, selon elle, sur le cancer, aussi bien chez les adultes que chez les enfants, dans certaines conditions d’exposition aux champs électromagnétiques produits par les lignes THT. Conclusion répétée en boucle par RTE : “la nocivité de ces champs n’est pas démontrée.”
Au passage, RTE ne se prive pas de remettre à leur place ceux qui citent les résultats publiés en 2005 de l’étude épidémiologique du Britannique Gérald Draper. Ce dernier établit un lien entre la leucémie des enfants et la proximité, à leur naissance, d’une ligne THT. Selon RTE, ce lien n’est pas démontré.
Alors, aucun danger, la THT ? Directrice en 2005 de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE), Michèle Froment-Védrine n’est pas de cet avis. Pour elle, les études du type de celle de Gérald Draper “démontrent la nécessité de disposer d’une évaluation pertinente de l’exposition aux champs électromagnétiques à l’occasion d’études épidémiologiques et même d’une meilleure connaissance de l’exposition réelle de la population d’une manière générale.” La directrice de l’AFSSE note en effet que si de tels travaux ont été effectués dans d’autres pays, “il n’existe en France qu’une étude partielle dans le département de la Côte-d’Or, non représentative de la population générale”.
Raison de plus pour enfin se lancer dans la réalisation d’une telle étude. Aujourd’hui, les opinions exprimées par Laurent Beauvais et le Conseil général de la Manche seront-elles davantage prises en compte par RTE et le Préfet de la Manche, représentant de l’Etat ?

Fabrice Constensoux, La Manche Libre