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IVT - EPR : déposition au registre de l’enquête publique portant sur la demande d’autorisation de création du réacteur EPR à Flamanville

vendredi 28 juillet 2006, par postmaster

Collectif Ille et Vilaine sous Tension

Le 28 juillet 2006

A Monsieur le commissaire enquêteur,

Le collectif départemental Ille et Vilaine sous Tension-IVT rassemblant à ce jour plus de 20 associations opposées aux projets de ligne THT Cotentin>Maine/Ille et Vilaine et d’EPR tient à vous communiquer sa déposition et vous demande d’enregistrer sa déposition ci-après et de l’inscrire au registre de l’EP EPR Flamanville.

Quels sont les bénéfices, quels sont les inconvénients, quel est l’impact, quels sont les coûts des projets EPR et THT ?

Quelles sont les raisons de décider et de réaliser les projets EPR et THT ?

Quelles sont les raisons de faire un outil de production électrique de 1650 MW à Flamanville ?

Y a-t-il des alternatives à l’EPR ? L’EPR est-il indispensable ?
Telles sont les questions et les réponses qui, après analyse, motivent notre désaccord avec le projet EPR.

Sur les procédures

Il est tout à fait choquant que la décision politique de réaliser l’EPR ait été annoncée et prise avant le débat public mené sous l’égide de la CPDP EPR de fin 2005 à début 2006, et avant même l’enquête publique que vous conduisez actuellement. Ceci discrédite totalement ces dispositifs et mine la confiance des citoyens envers leurs élus puisque ceux-ci ne tiennent pas compte des lois et des procédures démocratiques. D’autre part, découpler les enquêtes publiques EPR et THT ajoute à la confusion et décourage le public d’y participer, encore plus lorsque l’EP EPR se déroule en pleine période de vacances.

Sur le choix de Flamanville

Deux autres sites étaient en lice pour accueillir le projet EPR. Rhône Alpes ayant renoncé, restait Penly en Haute Normandie qui ne nécessitait pas la création de nouvelle ligne THT en sortie de réacteur. L’argument des travaux de terrassements déjà réalisés à Flamanville pour accueillir l’EPR est plus que discutable au vu du surcoût ( 180 à 220 Mns d’Euro) de l’éventuelle ligne THT qui, de plus, exposerait des milliers d’habitants supplémentaires aux contraintes et aux risques des THT.

Sur la sécurité de l’approvisionnement électrique du Grand Ouest

Un des arguments avancés par EDF et RTE est d’assurer une meilleure sécurité électrique du réseau national THT et un meilleur approvisionnement sur le département de la Mayenne. Outre l’argument erroné mais toujours en cours de la sécurité électrique de la Bretagne par l’EPR à Flamanville, réaliser une unité de 1650 MW pour renforcer la Mayenne et alimenter une station pour la LGV Paris Rennes Brest est totalement disproportionné et relève de l’artifice.

Sur l’urgence de l’EPR

EDF gère un parc de production électrique en surcapacité : EDF vend 15% de son électricité à l’étranger. Les besoins, la disponibilité d’outils de production électriques se situent vers 2020-2022 en l’état actuel des prévisions de consommations. Ceci laisse donc un délai limité certes mais suffisamment long pour engager des mesures de maîtrise et de réduction des consommations, pour engager enfin un débat sur le bilan de la filière nucléaire, un débat sur l’efficacité énergétique en France aussi bien du côté des producteurs ( EDF et les nouveaux producteurs électriques sur un marché complètement ouvert en 2007 ) que du côté des consommateurs industriels et particuliers.

Par ailleurs, comme on le voit actuellement en période de canicule mais c’est la même chose en hiver, EDF n’est pas en mesure d’assurer certains épisodes de consommation en pointes : EDF est contrainte d’acheter à l’étranger. Le parc de production électrique est donc mal configuré, pas suffisamment souple et réactif à la demande.

L’urgence est donc plus dans la reconfiguration d’un parc de production électrique suffisamment souple et réactif que dans la réalisation d’un mastodonte « tête de série » EPR qui renforcera son inertie déjà préjudiciable.

Sur la justification de l’EPR

EDF, AREVA ne s’en cachent pas : l’EPR répond avant tout à un projet industriel et commercial. Il s’agit de réaliser un démonstrateur en vue gagner des parts du marché français qui s’ouvrira complètement et du marché mondial de l’électricité en exportant la technologie nucléaire. La raison industrielle et commerciale ne peut définir à elle seule et de façon toute puissante les orientations énergétiques : les citoyens, les consommateurs, les contribuables doivent définir en connaissance de cause les choix énergétiques.

Sur la centralisation de la production électrique

Dans une époque caractérisée par la décentralisation, le projet EPR fait figure d’archaïsme et contrevient aux efforts menés par les régions en France et notamment celles de Bretagne et des Pays de Loire qui travaillent à des plans énergies. Le projet EPR et le renouvellement du parc nucléaire qu’il laisse entrevoir mettront à mal les efforts d’appropriation de la compétence énergies des régions, des départements, des Pays. Il y là une contradiction majeure.

Sur la santé publique

Tel quel, le projet EPR suppose la création d’une nouvelle ligne THT.
Parce que la France se caractérise par une carence notoire d’études épidémiologiques sur l’impact sanitaire des CEM- champs électromagnétiques- l’application du principe de précaution inscrit dans la Constitution voudrait que l’on s’abstienne de créer de nouvelles lignes THT, que l’on entreprenne ces mêmes études et que l’on en attende les résultats.

Ce n’est pas le cas.
Le département de la Manche s’apprête à généraliser la distribution de pastilles d’iode à tous ses habitants. Dans un cas comme dans l’autre, les projets EPR et THT confirment des risques sanitaires. C’est aux populations exposées aux risques d’exprimer et de choisir ce qu’elles acceptent ou non.

Sur la communication d’EDF et d’AREVA

Le projet EPR est présenté comme « évolutionnaire » : meilleur rendement thermodynamique, moins de déchets nucléaires, plus grande sécurité.
Il faut corriger cette présentation en trompe l’œil.
En passant de 34% à 37% de rendement thermo dynamique, la réalité du projet EPR oblige à constater que 63% de l’énergie primaire produite sera encore perdue et contribuera ainsi directement au réchauffement climatique.

Contrairement à ce que laisse imaginer la publicité massive d’EDF et AREVA, l’EPR avec ses 1650 MW produira globalement et malgré un meilleur rendement beaucoup plus de déchets nucléaires que d’autres unités nucléaires de production moins puissantes. Ces déchets nucléaires viendront alourdir le fardeau et creuser la dette que nos générations lègueront à leurs descendants.
La censure faite sur le document « secret défense » lors du débat public EPR l’atteste : l’EPR n’est pas à l’abri d’une chute d’avion gros porteur. La sécurité n’est pas aussi assurée que EDF le laisse entendre.

Sur les alternatives à l’EPR

La France manque un tournant industriel décisif. Plusieurs pays européens et dans le monde l’ont compris en investissant dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables au bénéfice de leurs concitoyens et au bénéfice de leurs industries exportatrices d’un nouveau savoir faire technologique.

La technologie nucléaire n’est pas accessible à tous les pays dans le monde : c’est un marché limité et réservé soit à cause du niveau technique de ces pays soit à cause de leurs moyens budgétaires soit encore à cause de leur instabilité sociale et politique soit encore à cause du degré de confiance/méfiance d’un pays à l’autre.

C’est pourquoi, aussi bien sur un plan national que sur le plan mondial, l’heure est à la maîtrise de la demande en électricité en assurant l’accès à ce service pour les populations qui en sont démunies et en réduisant les gaspillages là où ils existent.

A quand un programme d’économies d’énergies en France ?
A quand un soutien à l’efficacité énergétique dans l’industrie, dans l’habitat ?
A quand un plan énergétique qui soutienne et généralise les énergies renouvelables, qui valorise les atouts énergétiques des régions ?
A quand la décentralisation des moyens de production électrique en base plus proches des lieux de consommation ?

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Commissaire enquêteur, le collectif Ille et Vilaine sous Tension vous demande d’émettre un avis défavorable au projet de création EPR Flamanville.

Collectif Ille et Vilaine sous Tension
c/o association La Passiflore
Maison des associations
22 rue du Tribunal
35300 FOUGERES