Beaulieu sur Oudon a la THT en travers de la gorge. Ouest-France Mayenne 29/09/07

Beaulieu sur Oudon a la THT en travers de la gorge

Une pétition est à signer à la mairie. Une association verra le jour contre le projet de ligne à très haute tension.

Le conseil municipal de jeudi a été houleux à cause du projet de ligne à très haute tension et du transformateur électrique. Explications le lendemain.

15 h, vendredi, mairie de Beaulieu-sur-Oudon. Autour d’une table, le maire, Joseph Rocher et des habitants. Ils causent du conseil municipal de la veille. Manifestement, la séance a été du genre houleux.

« On est venu à une trentaine, hier, parce qu’on apprend tout ce qui se fait sur la THT par la presse, râle une frondeuse, conseillère municipale. En plus, la ligne n’était pas à l’ordre du jour. » En conseil, une pétition a même circulé pour appeler les habitants à se mobiliser contre le projet de ligne à très haute tension. « Pire, contre le transformateur électrique qui occupera 10 hectares ». Dix hectares permettent de produire en moyenne 70 tonnes de blé. De quoi nourrir 70 vaches pour un an.

Le dit transformateur est un distributeur géant de courant qui fait la liaison entre une ligne à très haute tension et celles à basse tension. Une sorte de champ de pylônes, d’enchevêtrements de fils.

« On ne sait rien, jamais »

La critique fuse : « Vous étiez au courant, forcément, Monsieur le maire. Le gars de Réseau de transport d’électricité est venu vous voir ! » Joseph Rocher encaisse. Le 13 septembre 2007, un représentant de RTE a bien passé deux jours à Beaulieu. Une petite semaine avant la grande réunion à la préfecture. « Mais il ne m’a pas dit que le fuseau était choisi, se défend le maire. Il m’a juste dit que si la ligne passait chez nous, il y aurait aussi le transformateur ». Énervement : « Et vous ne nous l’avez pas dit ! » Le maire lâche, ému : « Franchement, c’est dur de communiquer sur ce dossier. On ne sait rien, jamais. Tout est flou. Je vis ça mal. Je ne pensais pas que ça ne se ferait pas. »

Il y a quelques jours, sur un marché, une habitante a entendu « des gens jaser. Ils disaient qu’on recevra beaucoup d’argent pour le transformateur. C’est dur à entendre. Il y a deux maisons à 300 mètres et une douzaine d’enfants qui vivront à côté de ces lignes. Et leur santé · » Le maire voit rouge : « Ah ça, jamais ! Ce n’est pas une question d’argent. Beaulieu vit très bien sans pylônes et tout ça. Si ça ne se fait pas, ce sera le bonheur ! » Si ça se fait « notre projet de lotissement, on en fait quoi · »

Dans la petite salle de la mairie, la tension retombe, d’un coup. « Je vous suis, insiste le maire. D’ailleurs, tout le conseil a signé cette pétition, moi y compris. Je veux la satisfaction de tout le monde. J’espère être entendu. » Les habitants le concèdent : « On aurait pu se mobiliser bien plus tôt. Mais on commence juste à imaginer des pylônes partout, les travaux, la ferraille, les nuisances pour notre santé. »

16 h, vendredi, mairie de Beaulieu-sur-Oudon. Tout le monde sort de la salle. Avec une même obsession : « Que les gens sachent ce qui les attend. Ils ne savent pas. Tous les habitants, de toutes les communes, doivent faire bloc. » Pour faire échec à la ligne à très haute tension et au réacteur nucléaire qui est au bout. Parce que « l’enquête publique qui arrive, personne n’y croit. Seuls les gens, ensemble peuvent se battre. »

Isabelle JOHANCIK.

Ouest-France Mayenne du 29 septembre 2007

Article d’origine :
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