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Article "Pratiques de santé" : Les lignes à haute tension de plus en plus mises en cause

lundi 8 décembre 2008, par postmaster

Des chercheurs suisses ont mis en évidence le lien entre le fait d’habiter près d’une ligne à haute tension et la maladie d’Alzheimer. Tandis qu’en France un tribunal vient de reconnaître leur impact sur la santé... d’un élevage bovin.

Des risques de leucémie chez les enfants, mais aussi de cancer, avaient déjà été évoqués. Une nouvelle étude sur l’impact des lignes électriques à haute tension sur la santé vient de faire le lien avec la maladie d’Alzheimer. Une équipe suisse de l’Institut de médecine sociale et préventive de Berne a étudié les décès dus à cette maladie neurodégénéra­tive entre 2000 et 2005. Puis sur ces 9 200 cas observés, les chercheurs ont fait des recoupements pour observer à quelle distance d’une ligne à haute tension habitaient les personnes décédées. Conclusion : en vivant à moins de 50 mètres d’une ligne haute tension, on encourt un risque accru de 24 % de succomber à cette maladie. Le risque grimpe à 51 % pour ceux qui ont été exposés pendant cinq ans, et à 78 % pour ceux qui y ont habité dix ans. Les chercheurs évoquent deux hypothèses permettant de mettre en corrélation la présence d’une ligne à haute tension et la maladie d’Alzheimer. D’une part les champs électromagnétiques de basse fréquence perturberaient le contact entre les neurones et d’autres cellules. D’autre part, les champs pourraient favoriser la production de radicaux libres.


Une première victoire judiciaire

Pour le moment c‘est grâce aux élevages bovins que l’on va peut-être sérieusement envisager de mettre en pratique le principe de précaution. Après six années de procès, la justice vient en effet de condamner le Réseau de transport d’électricité (RTE), une filiale d’EDF, à verser 390 000 euros à un éleveur corrézien dont l’exploitation était touchée par les champs électromagnétiques. C’est une première sur le plan judiciaire : le juge a en effet estimé que le faisceau de présomptions était suffisant pour condamner EDF. Dans son dossier, l’exploitant fait état de graves désordres sanitaires dans son troupeau : nombreux cas d’ulcères, d’hémorragies, de myopathies ainsi qu’une surmortalité et une baisse de productivité chez ses vaches laitières.

Tout est fait pour désamorcer les plaintes

Ce constat n’est pas vraiment nouveau. D’ailleurs, depuis bientôt dix ans, un organisme tout ce qu’il y a de plus officiel – le Groupement permanent pour la sécurité électrique des élevages (GPSE) – vise à répondre aux agriculteurs se plaignant de tels problèmes. Concrètement, il s’agit surtout de désamorcer les plaintes quitte à financer le cas échéant des aménagements pour une meilleure sécurité électrique. Apparemment, cela n’a pas été suffisant pour décourager cet éleveur de Corrèze de porter plainte devant le tribunal. Et, pour la première fois, d’être suivi par celui-ci. La position du RTE devient donc de plus en plus délicate. D’ailleurs, l’entreprise n’a pas encore fait appel de ce jugement. Par crainte qu’il ne fasse jurisprudence ?

Les antennes de téléphonie aussi

Les agriculteurs ne sont pas les seuls à demander que l’on applique le principe de précaution. Un autre procès vient en effet de donner raison à trois couples habitant la banlieue lyonnaise contre Bouygues Télécom, suite à l’installation d’une antenne relais pour téléphone mobile près de leur maison. Le tribunal a estimé qu’« à cause du risque potentiel sur la santé des riverains », l’opérateur devait démanteler ses antennes. Une autre plainte au pénal, cette fois pour une antenne située à Chevreuse (Yvelines) a également été déposée... Ces batailles juridiques montrent en tout cas que le rapport de force se rééquilibre peu à peu...

Isabelle Saget

Pratiques de santé, n° 85 (décembre 2008)


Voir en ligne : Trouvé sur le site de Percy-sous-Tension, merci à eux !