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Compte-rendu d’une réunion avec RTE à Montbray dans la Manche, le 17 juillet

jeudi 17 juillet 2008, par postmaster

Texte repris de Percy-sous-Tension. Merci beaucoup à eux pour ce comte-rendu

Devant les interrogations de plusieurs riverains du projet de ligne THT Cotentin-Maine, Michel DELABROISE, maire de Montbray, a demandé à RTE de venir donner des explications aux habitants. Une trentaine de personnes avait été conviées. A peine vingt s’étaient déplacées.

A la demande d’une de nos adhérentes concernée par cette THT, nous étions une bonne vingtaine de membres de l’association « Percy sous tension », bien décidés à participer à cette réunion. De fait, malgré nos tee-shirts jaunes annonçant bien l’opposition à cette ligne, et malgré les banderoles et pancartes véhiculant le même désir de refus du passage de cette THT, on nous a laissé entrer. Ce que nous a fait remarquer M. DELABROISE. Nous l’en avons remercié. Mais, à la réflexion, il me semble que c’était pour lui la meilleure solution car nous aurions été plus virulents encore si l’on nous avait interdit l’entrée. Donc, je relativise la bienveillance du maire de Montbray. J’en profite pour préciser que la délibération prise par son conseil municipal indique qu’ils n’accepteront que l’enfouissement. Mais, point d’arrêté du style de ceux pris par une vingtaine de communes, concernant soit les distances minimales à respecter, soit un moratoire en attendant les résultats d’enquêtes concernant les impacts sur la santé d’une telle ligne.

Venons-en à la réunion proprement dite.

Michel DELABROISE nous accueille en espérant que tout le monde pourra s’exprimer.

Philippe JOACHIM, accompagné de Philippe ???, à l’aide d’un diaporama, rappelle les différentes phases du projet. C’est un peu monotone, et personne n’était venu pour cela ! Néanmoins, j’ai noté quelques passages. Tout d’abord, que la concertation préalable (Eh oui ! Il paraît qu’il y en a eu une !) porte sur les six points suivants :

Le bâti, le milieu physique, l’équipement, le milieu naturel, le patrimoine, le paysage. Quand je fais remarquer qu’il n’est pas fait mention des personnes, Philippe JOACHIM me rétorque que, dans le bâti, il y a des personnes…

Le fuseau actuel a été validé par Jean-Louis BORLOO le 7 avril 2008. La ligne serait un peu plus longue que prévu (159 km), dont 30 km en jumelage avec l’ancienne.

Le projet passera à la DIDEME (La direction de la demande et des marchés énergétiques) pour relecture.

Une nouveauté : l’enquête publique, initialement prévue en septembre, aura lieu en novembre 2008.

Pour construire sa ligne, RTE est soumis à l’arrêté technique du 17 mai 2001 qui, dans son article 12 bis précise ceci : « Limitation de l’exposition des tiers aux champs électromagnétiques. Pour les réseaux électriques en courant alternatif, la position des ouvrages par rapport aux lieux normalement accessibles aux tiers doit être telle que le champ électrique résultant en ces lieux n’excède pas 5 kV/m et que le champ magnétique associé n’excède pas 100 micro-Tesla dans les conditions de fonctionnement en régime de service permanent ». Et RTE de préciser qu’il doit respecter une distance de 6 m entre sa ligne et les maisons en raison du risque d’électrocution…

Et, preuve de l’extrême intérêt de RTE pour les habitants, il n’y aura aucune maison prise en sandwich entre les deux lignes ; et, précision nécessaire, c’est « à cause de la vue » !

Bien sûr, ce ne fut pas un monologue de RTE ! M. JOACHIM a souvent été interrompu ! Géraldine TALLEC, Danièle RAMILLON, entre autres, ont bien fait savoir que leur ligne devait rester dans les cartons.

Bien évidemment, M. PIROTAIS (des Renseignement Généraux ; cela porte peut-être un autre nom maintenant car il y a eu une restructuration) était là. Et j’ai l’impression que RTE utilise ses fiches ! En effet, Philippe JOACHIM identifie parfaitement Régis BESSIN, Olivier DELAFOSSE et moi-même. A moins qu’il ne consulte notre site ?

Voici maintenant le clou de la soirée : on va voir la ligne, on va situer sa maison. Les photos aériennes, datant d’une année seulement, sont d’excellente qualité. Le fuseau est délimité par deux lignes mauves et la THT est rouge (couleur mal choisie ; trop agressive !). Elle effectue quelques crochets, en particulier à cause de l’implantation des éoliennes, ce que nous fait remarquer Philippe JOACHIM. Au fait, il en est où ce projet d’éoliennes ? Enterré ?

Le logiciel utilisé permet d’indiquer, en quelques clics de souris, la distance ligne-maison. Les deux premières maisons, « en haut » de la commune, sont à 125 m et 150 m de la fatidique ligne rouge. Ensuite, c’est plutôt entre 200 m et 250 m.

Michel DELABROISE, qui connaît très bien sa commune, situe chaque maison d’habitation en la pointant avec le stylo laser de Philippe JOACHIM. Mme CUEFF, conseillère municipale note les distances. Et, comme nous nous y attendions, elle propose à RTE d’enfouir la ligne. Première réponse : « Actuellement, sur cette ligne Cotentin-Maine, un maximum de 30 km pourrait être enfoui ; personne au monde, sur ce type de ligne en alternatif, ne peut faire au-delà de cette limite ». Puis, devant l’insistance de Mme CUEFF, M. JOACHIM sort le grand jeu : quelques tableaux sont projetés sur l’écran. Deux colonnes présentent les inconvénients de l’aérien (colonne de droite) et du souterrain (colonne de gauche). Autant vous dire qu’à gauche, c’est du lourd, du très lourd même. Et le proverbe « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » est tout à fait d’actualité. Cela ne suffit pas ? Allons-y pour des photos prises en Angleterre, montrant le cataclysme causé par l’installation d’une ligne souterraine… Messieurs les députés Guénhaël HUET et Yannick FAVENNEC ont intérêt à argumenter serré pour obtenir l’enfouissement. Rappelons tout de même que ce sont nos élus (députés, sénateurs, conseillers généraux) qui ont réclamé le réacteur EPR de Flamanville et, par conséquent, la ligne qui va avec ! Alors, maintenant, c’est un peu facile de crier haro sur RTE.

De toute façon, Philippe JOACHIM ne cesse de répéter que la ligne passera. C’est la méthode Coué ! Si elle ne passait pas, serait-il rétrogradé dans ses fonctions ? Une personne le relance : « Et si l’enquête publique révélait une grande opposition à cette ligne ? ». Là, on note une certaine hésitation de la part du concertant. Il n’ose tout de même pas nous dire que cette enquête ne sert à rien, que c’est une formalité… Au cours d’une phrase, il se prend pour le préfet ; il dit « on » alors que seul le préfet est concerné par la décision à prendre.

Le sujet du Mont-Robin est abordé. Pourquoi ne pas l’éviter ? Philippe JOACHIM ne semble pas être spécialement attiré par le site. Il nous montre des photos et, d’un clic de souris, fait apparaître trois pylônes. A ce propos, je lui demande s’ils seront identiques à ceux de l’ancienne ligne. Il semble que oui car les pylônes ajourés s’intègrent mieux dans le paysage que ceux de type « muguet », plus massifs. Tant mieux ! Finalement, la principale préoccupation de RTE semble être de nature paysagère. Alors, pourquoi voyons-nous souvent des pylônes sur les lignes de crête ? Et pourquoi est-on aussi draconien sur la position des éoliennes ? Deux poids, deux mesures. Là encore, c’est un choix politique. La fibre « écolo » (au bon sens du terme) n’appartient pas au patrimoine génétique de nombre de nos élus. Contrairement à la fibre « langue de bois ».

Géraldine TALLEC intervient très souvent, en particulier pour dire que l’argent distribué permet à RTE de passer sa ligne. Ce qui semble offusquer Philippe JOACHIM qui demande de lui citer des cas précis. Vient alors le PAP (Programme d’Accompagnement de Projet). RTE doit consacrer 20 millions d’euros pour financer des projets des communes traversées ou limitrophes, projets concernant le développement durable (Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu cette expression !).

Le problème des élevages vient sur le tapis. RTE reconnaît qu’il y a des nuisances chez les animaux. Mais, la plupart du temps, elles existent déjà avant le passage de la ligne. Toujours est-il qu’il y aura expertise avant et après. Et RTE s’engage à résoudre tous les problèmes de courants parasites dans les bâtiments d’élevage. On fait remarquer que le bien-être des animaux semble plus préoccupant que celui des êtres humains… Alors, comme d’habitude, on entend le même refrain : « Depuis trente ans que des études sont faites, il n’a jamais été prouvé que les lignes THT avaient une quelconque influence sur la santé des gens ». Apparemment, M. JOACHIM n’a pas les mêmes lectures que nous ! Il balaie l’étude du docteur DRAPER, disant qu’elle comporte de nombreuses incohérences.

Il me semble que nous sommes des enfants de chœur face à ces « concertants » très aguerris, disposant de tout un panel de réponses bien ciblées, gardant toujours un ton péremptoire qui nous fait douter de nos propres convictions.

Il faudrait que l’on apprenne à utiliser les mêmes méthodes argumentaires, en citant des faits précis, en faisant venir des témoins vivant auprès des lignes et pourquoi pas des médecins qui constatent une recrudescence de maladies pour les riverains de la ligne actuelle. Sinon, nous restons dans le domaine des « on dit » et cela ne pèse pas lourd.

Pour les maisons se situant à moins de 200 m de la ligne, automatiquement, RTE proposera une indemnisation pour préjudice visuel. Mais, au-delà de cette distance, on peut très bien réclamer une indemnité. Le cas est alors étudié par des experts.

Un couple de jeunes Anglais, avec trois enfants en bas âge et un quatrième à venir, était présent. Ils viennent d’acheter une maison à Montabot (village de La Pointerie) ; jamais on ne leur a signalé le projet de ligne THT ; elle passerait à moins de 200 m. Aucun recours n’est possible contre le vendeur (ou le notaire) car, apparemment, il n’y a aucune obligation de signaler un tel projet avant la vente. Il fallait voir le désarroi de cette mère de famille qui tient à tout prix à préserver la santé de ses enfants.

Même réaction chez Géraldine TALLEC, concernée elle aussi. Mais, pourquoi s’inquiètent-elles ces dames puisque RTE affirme qu’il n’y a aucun danger et que ses « lignards » qui, à longueur de jour, se trouvent à quelques centimètres des lignes 400 000 volts, n’ont aucun problème de santé ! Là encore, ce sont des affirmations gratuites et aucun écrit ne vient étayer ces propos. Mais, c’est dit sur un tel ton qu’il est hors de question de contredire. De toute façon, nous non plus, nous n’avons pas de preuves du contraire.

Pour conclure, Michel DELABROISE insiste bien sur le fait qu’il ne veut pas de la ligne. Pour obtenir satisfaction, il faudrait peut-être qu’il prenne un arrêté ; en effet, si une série de communes consécutives prend cet arrêté, cela gène terriblement RTE. Alors qu’une opposante par-ci par-là, c’est un détail pour le rouleau-compresseur RTE.

Nous n’avons pas la prétention d’avoir fait vaciller le géant RTE mais nous avons montré que nous sommes toujours là pour aider les personnes dans la détresse causée par la proximité de cette THT.

Nous non plus, nous n’en voulons pas de cette ligne ; même enterrée d’ailleurs !

Michel ROUSSEL, le 17/08/2008


Voir en ligne : RTE avait déjà été "importuné" à Montbray en décembre 2007