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2 articles Ouest-France Mayenne - 21 septembre 2007

mercredi 26 septembre 2007, par postmaster


Gérard Lemonnier, le maire de Juvigné, au centre, épluche le tracé du fuseau de la ligne THT avec André Renaud, son premier adjoint et Denis Tandé, représentant de la Chambre d’agriculture et agriculteur dans la commune.

« Le débat sur la THT, c’est un dialogue de sourds »

Gérard Lemonnier, maire de Juvigné, participait jeudi à la réunion avec Réseau de transport d’électricité. Impressions d’un élu rural.

Juvigné, au sud-ouest d’Ernée, « est la plus grande commune de la Mayenne et elle sera traversée du nord au sud par la ligne à très haute tension ». Gérard Lemonnier, le maire et conseiller général, a accueilli la nouvelle plutôt fraîchement. « On savait qu’un des fuseaux pourrait passer chez nous. J’ai appris par la presse ce matin que le fuseau était choisi. »

À l’issue de la réunion à la préfecture à Laval entre une partie des maires du département et Jean-Marc Perrin, de Réseau de transport d’électricité, Gérard Lemonnier s’en est ouvert à Ludovic Guillaume.

Le secrétaire général de la préfecture a entendu son mécontentement : « Je ne comprends pas. Ma commune est concernée de part en part. Je ne conteste pas le choix mais c’était normal de nous associer quand même. C’est important. »

Pendant ce temps, le premier adjoint de Juvigné et un représentant de la chambre d’agriculture, agriculteur, épluchent le tracé sur une carte bariolée de ronds roses. « Oh, la la la ! T’as vu, ça passe par là. Il y a plein de fermes dans le coin. »

« Maintenant avancer »

Le fuseau est choisi. Soit. Gérard Lemonnier et son équipe doivent « maintenant avancer ». Entre résignation, incompréhension et envie d’agir. Avancer, dans l’esprit de ce maire au franc-parler, c’est « négocier au mieux pour que la ligne empiète le moins possible sur les terres agricoles ». La tâche s’annonce ardue : « Le débat de concertation, c’est un peu un dialogue de sourds. Ce n’est pas facile. » Même si à Juvigné, « on pressentait le pire pour notre commune et on se demande dans quelle mesure nous sommes associés aux décisions ».

Le maire de Juvigné doit faire contre mauvaise fortune bon coeur et « accompagner au mieux les habitants, les agriculteurs et tous ceux qui s’inquiètent de l’implantation de cette ligne ». Mais, question : « Comment tenir le langage de la vérité à mes concitoyens ? Des rumeurs courent sur un abandon possible du réacteur nucléaire, donc de la ligne THT. Il faut que j’avance et que je travaille. » Il faut être au plus près des habitants d’autant que « le Président de la République a dit que ce réacteur se ferait. Tout comme il a aussi dit qu’il fallait développer les énergies renouvelables ».

Gérard Lemonnier veut défendre bec et ongle les intérêts de ceux qui seront touchés de plein fouet par l’emprise du futur tracé d’une centaine de mètres de large : « Je veux savoir au plus vite quels seront les contraintes et le montant des indemnisations pour préjudice. Je ne veux pas tromper mes concitoyens. »

Ouest-France

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Les réactions des élus et responsables associatifs
Yves Beaussier, co-président du collectif Mayenne SurVoltée, a évoqué la décision du tribunal administratif de Grenoble pour une affaire opposant deux agriculteurs et Réseau de transport d’électricité. Alors que ces agriculteurs voulaient faire mesurer l’impact des champs magnétiques de la ligne THT sur leur troupeau de vaches, un expert a constaté une baisse de l’intensité électrique sur cette ligne. Empêchant le bon déroulement de l’expertise. Ils ont mené l’affaire devant le tribunal et ont obtenu gain de cause. « RTE nous ment. La preuve », dit Yves Beaussier.

Eugène Coquemont, maire de La Baconnière : « On apprend, là ce jeudi matin, quel est le fuseau. Je suis surpris que la décision soit déjà prise. Tout cela n’est pas si clair que ça. »

Yannick Favennec, député (UMP) du Nord-Mayenne. « Le projet n’a aucune légitimité. Il a été réalisé sur la base d’une concertation tronquée, et ne tient aucun compte des avis d’opposition, pourtant très clairs, des conseils municipaux des communes impactées et de leurs populations. Les critères de « moindre impact » n’ont aucun sens tant que nous ne connaissons pas les conclusions du Grenelle de l’Environnement. Une délégation de maires sera reçue au ministère de l’Environnement le 19 septembre à 19 h 15. »

Claude Gourvil, conseiller général (Verts). « Le précédent gouvernement avait décrété la construction de l’EPR de Flamanville avant même la clôture du débat public. RTE continue sur la même voie en organisant une réunion dite de « concertation » à la préfecture de la Mayenne alors qu’il ne s’agit que de faire part aux élus et aux associations de l’avancement de ses décisions unilatérales. Les Verts condamnent cette façon de mettre les populations devant le fait accompli, ce simulacre de démocratie qui ne prend pas en compte les délibérations des conseils municipaux locaux, ni les oppositions nombreuses. De même qu’ils se désolent qu’aucune des stratégies énergétiques alternatives n’ait été envisagée. »

Daniel Heulot, maire de Bourgon : « Je suis malheureux et dégoûté. Je pense aux agriculteurs et aux paysages qu’on dégrade encore. Ce dossier était ficelé d’avance. Quand l’État décide quelque chose, on ne peut rien faire. Il existe tant de moyens et d’autres à inventer pour produire de l’électricité. »

François Zocchetto, sénateur UDF : « Je n’ai pas été convaincu de la nécessité de construire l’EPR à Flamanville. En conséquence, je participe à la concertation publique sur la THT avec réticence [...] Je demande que RTE tienne compte, dans ses études, des nuisances déjà accumulées par le secteur de Loiron (ligne à grande vitesse, autoroute), de façon à ce que les habitants de ce secteur ne soient pas soumis à une nouvelle accumulation d’inconvénients. Je m’étonne que le fuseau à l’ouest de Vitré, qui est le moins coûteux et le moins dommageable pour l’environnement, ne soit pas retenu. Je rappelle que la Mayenne souffre d’un déficit d’approvisionnement en électricité et que le projet de RTE n’apporte pas de réponse à ce problème. Enfin, dans le cas où la ligne THT serait construite, l’indemnisation ne saura être basée sur les chiffres anciens, très insuffisants au regard des préjudices subis par les agriculteurs et les habitants. »

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