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La haute tension n’empêche pas de construire
Article Ouest-France Morbihan
samedi 28 juin 2008, par
Au Porlair, près de la ligne à très haute tension, les engins s’activent au terrassement. Bouygues Immobilier prévoit de construire là 89 logements. Au grand dam du président de l’association d’Urbanisme sous tension, Gérard Piriou (au premier plan).
À Saint-Avé, le domaine du Porlair appliquera une marge de recul de 15 mètres par rapport à la ligne électrique de 225 000 volts. Bouygues y prévoit 89 logements.
À Saint-Avé, les lignes à très haute tension, on y est habitué. Une bonne partie des habitations est implantée à peu de distance de ces équipements. Difficile de faire autrement. Trois lignes THT cisaillent le ciel de la commune.
Certains pourtant s’inquiètent des risques pour la santé d’une exposition régulière aux champs électromagnétiques. Une association, Urbanisme sous tension, tente, notamment, de s’opposer à la réalisation d’un projet de construction de logements près d’une ligne électrique de 225 000 V au Porlair.
Les recours en justice (premier recours devant le tribunal rejeté car hors délai) n’ont pas intimidé le promoteur. Depuis une semaine, les engins de terrassement sont à l’oeuvre sur la partie du terrain dépendant de Bouygues Immobilier. 89 appartements (cinq petits collectifs) et 7 maisons individuelles y sont prévues.
Les champs électromagnétiques en débat
« On a commercialisé le programme. Les clients attendent que nous réalisions les logements qu’ils ont réservés », justifie André Mernier, directeur régional de Bouygues Immobilier. « A la demande du maire, sur le plan-masse, nous nous écartons de 20 mètres de l’axe de la ligne (soit une quinzaine de mètres du fil extérieur). Ça n’était pas une obligation : il n’y a pas de règlement qui, pour des raisons sanitaires, nous empêche de construire sous une ligne haute tension. » Ce que confirme le maire, Hervé Pellois : « Dans ce dossier, on va au-delà de la règlementation. »
Le président d’Urbanisme sous tension, Gérard Piriou, épaulé par le Criirem (Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques), juge ce retrait insuffisant. Pour lui, la présence d’une telle ligne « n’est pas compatible avec un lieu de vie ». Et de réclamer l’application du principe de précautions. Plusieurs centaines d’autres logements sont prévus à Saint-Avé « dont certains dans les mêmes conditions. Tous ces projets affirment s’inscrire dans une haute qualité environnementale ! Mais ils continuent d’ignorer les mises en garde de scientifiques indépendants sur les dangers des champs électromagnétiques pour la santé... C’est complètement incohérent. »
Ses arguments n’ont pas convaincu le porteur du projet immobilier du Porlair. « Nous ne sommes pas des spécialistes en matière de champs électromagnétiques. Mais objectivement, on n’a pas l’impression de faire prendre des risques à nos clients », assure André Mernier en rappelant : « L’on trouve des études qui vont dans un sens, d’autres qui vont dans l’autre... On a toujours été assez transparent sur le sujet. Aujourd’hui, on se doit de réaliser notre opération conformément au permis obtenu. » La livraison de la première tranche (une quarantaine de logements) est prévue pour fin 2009. « La moitié est commercialisée. » La seconde tranche sortira un an plus tard.
Jean-Charles MICHEL.
Ouest-France samedi 28 juin